Améliorer la QVCT des femmes en installant des distributeurs de protections hygiéniques dans votre entreprise
La qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) englobe de nombreux sujets. Parmi eux, les questions liées à la féminité, et notamment à la manière de vivre ses règles sur son lieu de travail. Clarisse Le Court, fondatrice et CEO de Claripharm™, met en place des distributeurs de protections hygiéniques gratuites dans les toilettes des entreprises. Elle nous explique les bénéfices en termes de QVCT de cette action simple à mettre en place.
Les sujets jusqu’alors tabous comme le congé menstruel, la ménopause, ou la distribution de protections hygiéniques gratuites, sont de plus en plus abordés dans les médias et dans le monde de l’entreprise. À quoi attribuez-vous cela ?
Je pense tout d’abord qu’il y a un « avant » et un « après » Covid. La crise sanitaire a mis en lumière le problème de la précarité menstruelle. Avant la Covid, environ 2 millions de femmes étaient concernées en France. Aujourd’hui, on parle de 4 millions de femmes qui n’ont pas les moyens d’acheter des protections hygiéniques. C’est un choc dans notre pays.
Il y a également tout un contexte, un « momentum » autour de la santé et du bien-être des femmes. On lève les tabous sur différents sujets. Les choses bougent. Et c’est très bien. Cela contribue à ce que la société se penche sur ces questions essentielles.
Pourquoi est-il important d’investir le sujet des protections hygiéniques, et plus globalement celui des règles ?
Voilà 11 ans que Claripharm™ existe. En 11 ans, nous avons rencontré de nombreuses femmes. Lorsqu’on entend qu’une jeune fille utilise des tranches de pain, qu’une mère donne des feuilles de papier à sa fille car elle n’a pas les moyens d’acheter des protections hygiéniques, ou encore que des bouts de carton sont utilisés comme tampons, on se rend compte qu’il y a un réel problème. Aujourd’hui, le papier toilette est distribué gratuitement partout. Il devrait en être de même pour les protections hygiéniques. Tout du moins, une solution devrait être trouvée.
Pouvoir vivre dignement ses règles sur son lieu de travail ou dans sa vie est une recommandation de l’OMS. L’ONU se bat pour mettre en place des appels d’offres en lien avec la précarité menstruelle dans certaines régions d’Afrique et d’Asie du Sud-Est.
En France, nous sommes un peu en retard. Des progrès sont réalisés, mais nous ne sommes pas encore allés assez loin. L’accès à des protections hygiéniques devrait être un droit.
En termes de QVCT pour les femmes, quels avantages apportent l’accès à des distributeurs de protection hygiénique ?
Avoir des distributeurs de protections hygiéniques dans les toilettes des entreprises, c’est avant tout pratique. Cela évite d’avoir à demander à une collègue de nous dépanner, ce qui n’est pas toujours évident pour tout le monde.
Ensuite, certaines femmes souffrent de pathologies ou de règles abondantes. Avoir une solution sous la main, dès qu’on en a besoin, dans ces moments-là est un véritable soulagement. On ne craint plus d’avoir une tache sur ses vêtements, visible par ses collègues. C’est du bien-être au travail.
Au même titre que l’accès au papier toilette, l’accès à des protections hygiéniques devrait se généraliser. Ce n’est pas un accessoire mais un besoin. On ne choisit pas d’avoir ses règles, et on les subit pendant 40 ans de sa vie.
Dans quelle mesure la mise à disposition de protections hygiéniques se démocratise dans les entreprises ?
De nombreuses entreprises, aux États-Unis et en Europe, développent des solutions de distributeurs de protections hygiéniques. Ces trois dernières années, nous avons assisté à une démocratisation de ces distributeurs et il faut que cela continue.
Pour vous donner un ordre d’idée, notre entreprise a déjà installé 5 000 distributeurs, en France et chez nos voisins européens. C’est très encourageant. Et loin des idées reçues qui pourraient être véhiculées, nous voyons des secteurs comme l’agroalimentaire s’emparer du sujet.
Justement, que vous répondent les dirigeants et les RH lorsque vous leur proposez l’installation de distributeurs de protections hygiéniques dans leur entreprise ?
Dans 98% des cas, la réponse est positive. Dirigeants et RH nous disent qu’ils sont favorables à l’installation de nos distributeurs. Ils nous expliquent que cela ne leur avait tout simplement jamais été demandé ou proposé. Ils nous disent même qu’ils ont ramené le sujet à la maison et que cela a suscité des discussions positives en famille.
Paradoxalement, les rares refus que nous avons viennent de femmes qui estiment s’être débrouillées seules depuis toujours et qui ne voient donc pas l’intérêt de la mise à disposition de protections hygiéniques. C’est étonnant, mais cela met d’autant plus en lumière l’importance d’investir ce sujet en entreprise.
Une étude européenne a montré que plus de 70% des femmes en entreprise ont déjà été confrontées à un manque de protections hygiéniques au moment de leurs règles. Et 52% des personnes interrogées dans cette étude sont d’accord pour dire que les organisations doivent faire davantage pour contribuer à une bonne hygiène menstruelle. C’est un soulagement d’avoir une solution à portée de main.
Quelles sont les prochaines étapes ?
En France, trois milliards de protections hygiéniques à usage unique sont jetées chaque année. Une étape essentielle, à mon sens, serait d’accompagner les collaboratrices des entreprises équipées de distributeurs vers des produits réutilisables, plus écologiques.
Nous avons aussi des projets de R&D sur la précocité menstruelle. Et nous intervenons en classe de CM1 et CM2 pour aborder la puberté, les règles, les solutions et les bonnes pratiques, en s’adressant à la fois aux filles et aux garçons – Les filles reçoivent leur kit première règle, tandis que les garçons repartent avec un livret à ramener chez eux. Démocratiser le sujet des règles fait partie d’un ensemble. Tout cela est un travail de fond, tellement bénéfique pour le karma !
Claripharm™À la naissance de sa fille Gilda, Clarisse Le Court, fondatrice de Claripharm™, ressent ce bonheur indescriptible et découvre en même temps, comme des milliers d’autres femmes, les gênes et les douleurs intimes post-accouchement. Elle constate que rien, ou si peu, ne lui est proposé pour la soulager. Pourquoi laisse-t-on souffrir les femmes après une chirurgie intime ? Pourquoi trouve-t-on des protections hygiéniques avec des produits chimiques sur le marché ? Pourquoi lorsque nous souffrons aux parties intimes, aucune solution ne nous est fournie ? C’est suite à ce désagrément, de voir que si peu de solutions sont proposées aux femmes pour leur intimité, que Clarisse veut apporter des réponses novatrices et efficaces. |