Travail à distance : comment adapter votre processus de recrutement
Avec l’essor du télétravail, accéléré par la crise sanitaire et économique liée à la Covid-19, de plus en plus d’entreprises envisagent le recrutement autrement. Elles sont prêtes, pour partie, à recruter des talents éloignés géographiquement, et de nouvelles opportunités s’offrent ainsi à elles. Rodolphe Dutel, fondateur de Remotive, plateforme dédiée à l’offre d’emploi en télétravail (80 % anglophone), nous explique comment aborder le processus de recrutement à distance, comment s’adapter à ce type de profils et pourquoi le travail à distance va se pérenniser.
Quelle est la principale particularité d’un recrutement en télétravail ?
Rodolphe Dutel : Dans un univers de télétravail, les barrières géographiques tombent. Une même offre d’emploi peut être postée dans plus de 200 pays différents, avec de très nombreuses candidatures à la clef. Les entreprises se retrouvent face à bien plus de talents potentiels qu’en présentiel
Quel changement cela implique dans l’approche du recruteur ?
Plus encore que pour un recrutement classique, il est important que les entreprises se montrent pro-actives et précisent leurs besoins pour un recrutement à distance, en détaillant ce qui sera attendu des candidats : comment la communication s’effectuera-t-elle au quotidien ? Est-ce qu’elle se fera au jour le jour (un meeting régulier chaque matin) ou de manière asynchrone (une à deux réunions par mois) ? Le contrat prévoit-il une part de présentiel ? Les mêmes opportunités de progression sont-elles données aux télétravailleurs et aux non-télétravailleurs au sein de la société ? Le lieu de vie sera-t-il pris en compte dans la détermination du salaire ? Mieux vaut dire tout cela immédiatement pour ne pas recevoir des candidatures de personnes pour qui ces points seront finalement rédhibitoires.
Quel avantage premier le recruteur peut-il retirer de ces recrutements à distance ?
Du point de vue de l’entreprise, il est possible de capter l’attention de personnes très compétentes, expérimentées, autonomes, mais à la recherche d’une meilleure qualité de vie. De nombreux trentenaires souhaitent par exemple quitter la région parisienne pour fonder une famille, gagner en pouvoir d’achat et profiter d’un marché immobilier plus accessible. Ces collaborateurs peuvent être des forces pour l’entreprise.
Pensez-vous que le recrutement à distance va perdurer au-delà de la crise sanitaire ?
J’en suis convaincu. Les sociétés sortiront gagnantes de cette expérience parfois subie au départ pour des questions de survie. Cela deviendra un choix et elles évolueront sans doute vers un modèle hybride, mêlant le travail en présentiel et le travail à distance. Elles n’auront ainsi plus intérêt à conserver d’importants locaux centralisés. Elles pourront s’organiser autour d’espaces réduits, pour une question de représentation vis-à-vis de leurs clients, couplés à des bureaux flexibles idéaux pour du coworking.
Autre point : avec l’arrivée de ces nouvelles populations, les régions vont ainsi être redynamisées. Elles vont devenir toujours plus attrayantes. C’est une forme de décentralisation par la technologie, encouragée par le télétravail.
Donc, tout le monde est gagnant…
Petit à petit, le télétravail va se définir de manière plus fine, permettant à toutes les entreprises d’y trouver leur compte. Pour les salariés, cette flexibilité et cette maîtrise de leur emploi du temps seront bénéfiques et contribueront à leur épanouissement.