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Pourquoi la place des femmes dans l’entreprise est toujours questionnée ?

Nouveaux usages au travail | 24 février 2023
Pourquoi la place des femmes dans l’entreprise est toujours questionnée ?

Être une femme au travail, c’est connaître le sexisme, les empêchements, les plafonds de verre, entre autres. Pourquoi la place des femmes en entreprise est-elle encore un enjeu aujourd’hui ? Isabelle Germain, journaliste, fondatrice de LesNouvellesNews.fr et formatrice, nous répond.

La place des femmes en entreprise est toujours un sujet de débat aujourd’hui. Pour quelles raisons ?

La question de l’égalité femmes-hommes au travail est encore d’actualité parce que c’est un sujet qui n’avance pas. À mon sens, il n’avance pas pour de multiples raisons : parce qu’il n’y a pas (ou trop peu) de véritables politiques volontaristes dans les entreprises, que les cultures d’entreprise ne changent pas, que le management de manière générale est fondé sur des valeurs dites masculines, que les actions mises en place au niveau politique ne fonctionnent pas toujours – L’index de l’égalité professionnelle en est un bon exemple, avec des critères qui sont très faciles à remplir.

Il y a par ailleurs, en dehors de l’entreprise, toute une culture qui fait que les hommes et les femmes ont des comportements différents. Ils sont orientés différemment. Ils doivent correspondre à des stéréotypes différents. Et finalement les hommes sont formatés, éduqués pour aller vers des postes de direction, quand les femmes se voient plutôt à des postes d’exécutantes. Sans oublier que beaucoup de secteurs d’activité sont perçus comme étant réservés aux hommes et pas aux femmes.

Enfin, lorsqu’on aborde les questions d’égalité femmes-hommes, implicitement, il y a toujours l’idée que pour parvenir à l’égalité, il faut que les femmes fassent comme les hommes. En réalité, ce qu’il faudrait, c’est que les hommes fassent comme les femmes, dans le monde du travail, et dans la société en général.

Qu’est-ce que les hommes devraient faire comme les femmes ?

Il faudrait par exemple qu’on incite les hommes à aller vers des métiers extrêmement féminisés. Aujourd’hui, les métiers occupés par des hommes sont très bien rémunérés, donc les femmes ont envie d’aller vers ces métiers. C’est normal. Il faudrait, en parallèle, que l’on valorise les métiers féminisés et que l’on donne envie aux hommes d’aller vers ces métiers.

Et il faudrait en finir avec le double standard car à comportement identique, les hommes et les femmes sont jugés différemment. Dans le cadre de mon activité, je propose deux types de formations. L’une s’adresse aux femmes pour les aider à booster leur carrière. L’idée est de leur permettre d’acquérir un certain nombre de codes informels qu’elles n’ont pas acquis car elles ont eu une éducation de femme. Il s’agit notamment de les pousser à prendre la parole plus souvent et plus fort pour montrer leurs compétences et faire connaître leurs ambitions.

Une autre formation est destinée aux dirigeants et consiste à travailler autour des biais sexistes que chacun (et chacune) peut avoir au moment de juger les femmes et les hommes, ou dans ce que l’on peut projeter sur les femmes en entreprise. Ce peut être le fait de mal juger une femme qui s’est mise en colère, le fait de mal interpréter la timidité d’une femme lorsqu’on lui propose de postuler  à un poste, ou le classique “Je ne vais pas lui proposer ce poste car elle a des enfants petits. Elle ne sera pas intéressée”.

Tout le monde a à apprendre en fait. Tout le monde doit modifier son comportement. Les hommes et les femmes.

Qu’est ce qui peut être mis en place au niveau de l’entreprise ?

Il faut faire évoluer les règles non écrites de progression de carrière, mais aussi les règles écrites. Certaines entreprises mettent en place des règles écrites telles que :

  • ne pas programmer de réunions au-delà de 17 heures, parce que cela pénalise les personnes qui ont des enfants à aller chercher ;
  • ne pas examiner les candidatures pour une promotion s’il n’y a pas, au moins, une candidate parmi les candidats ;
  • mettre en place des process en ce qui concerne les progressions des salaires et/ou des carrières.

Ces règles, lorsqu’elles sont mises en place, ne fonctionnent que si elles viennent d’en haut, que si elles sont martelées, répétées, et que des sanctions sont prévues dans le cas où elles ne seraient pas respectées.

Pensez-vous que des avancées importantes sont possibles pour les femmes en entreprise?

Oui je le pense. Il faut pour cela travailler sur les croyances limitantes qui sont dans les têtes des femmes et dans les têtes des dirigeants qui décident de leurs carrières. Il faut travailler sur ces biais. Ça, c’est un premier travail nécessaire sur le comportement de chacun et chacune.

Il faut aussi que les médias prennent conscience qu’ils ont trop souvent tendance à remettre les femmes à leur place traditionnelle. Combien de portraits de femmes de pouvoir commencent encore par vérifier si elles s’occupent bien de leurs enfants, et par dire si elles sont sexy ou non ? Les médias disent implicitement que la place des femmes reste dans la sphère privée et que celle des hommes est dans la sphère publique. Or, à chaque fois qu’on se conforme à ces stéréotypes, on les renforce.

Pour sortir de ce cercle vicieux, je pense qu’il faut agir sur ces stéréotypes dans les médias, et sur les comportements.

Que dire de la place des femmes dans les conseils d’administration ?

La place des femmes dans les conseils d’administration s’est considérablement améliorée, grâce à une loi. Je disais tout à l’heure que les actions mises en place au niveau politique ne fonctionnent pas toujours. Celle-ci a permis, non sans batailles, d’arriver à 42 % de femmes dans les conseils d’administration des entreprises. En comparaison, dans les exécutifs, c’est moins de 20 % (Une loi est passée, fin décembre, pour améliorer cela).

Lorsqu’on gratte un peu, on se rend compte tout de même que l’on retrouve les mêmes femmes dans un certain nombre de conseils d’administration, car le vivier de femmes est très faible aujourd’hui. Mais cela permet d’enclencher un début de cercle vertueux. 

Ce qu’il faut en revanche, c’est être vigilant pour que cela continue. Il faut que des personnes soient mobilisées pour faire appliquer les lois. Il y a eu six lois sur l’égalité professionnelle depuis 1972. Clairement, elles n’ont pas toutes été appliquées.

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