Pas toujours suffisamment connue, la fonction de responsable rémunérations et avantages sociaux (ou responsable comp & ben) est pourtant de plus en plus stratégique. Entre crise économique et guerre des talents, les collaborateurs comme les candidats s’intéressent de près à tous les aspects de leur rémunération et aux avantages qui leur sont proposés. Maya Laffon, responsable rémunérations et avantages sociaux chez Bureau Veritas France nous donne sa perception de la fonction, et égraine avec nous les personnes avec lesquelles elle travaille au quotidien pour mener à bien sa mission.

Comment définiriez-vous votre mission dans l’organisation ?

Les sujets d’un·e responsable comp & ben, qui sont à la fois vastes et complexes, ont en commun une vocation à permettre aux collaborateurs de se sentir en sécurité, reconnus, valorisés.

Nous travaillons sur la protection individuelle et collective, à travers des dispositifs comme la mutuelle, la prévoyance, ou les dispositifs de retraite. Nous mettons en œuvre des sujets tels que l’épargne salariale, avec les dispositifs d’intéressement, de participation, de compte épargne temps et d’abondement.

Et puis il y a toute la partie rémunération directe, qui apparaît peut-être comme la plus concrète pour le collaborateur, car la rémunération est plus immédiate : le fixe et la part variable, des éléments sur lesquels nous nous devons de surveiller notre positionnement marché et nos pratiques internes afin d’être attractifs mais aussi d’avoir des leviers de rétention.

Enfin nous gérons différents avantages périphériques comme les titres-restaurants, la politique flotte automobile, ou encore les nouveaux dispositifs de package mobilité…

Nous sommes au service des collaborateurs et des managers. Nous sommes également au service de la direction générale sur la partie pilotage budgétaire de la masse salariale. C’est, je pense, l’une des fonctions RH les plus riches, car les sollicitations sont multiples et on se sent véritablement au cœur d’une direction et d’un système sur différents aspects.

Justement, qui sont les personnes, en interne, sur qui vous vous appuyez au quotidien ?

Il y a d’abord la direction financière, avec qui nous menons un travail collaboratif important, notamment sur tout ce qui a trait au contrôle de gestion. C’est avec elle que nous suivons la partie pilotage budgétaire, les différentes projections et simulations. La direction financière est le partenaire incontournable des responsables comp & ben, ce qui n’empêche pas, parfois, des discussions argumentées. Il faut dire qu’on traite des mêmes sujets (suivi des effectifs, masse salariale…), mais avec des axes de réflexion qui peuvent être différents. Ce sont deux philosophies d’approche qui sont complémentaires et nécessaires. L’une est plutôt financière, l’autre plutôt portée sur les attentes des collaborateurs et des candidats.

En plus de la direction financière, il est essentiel en tant que responsable rémunérations et avantages sociaux d’avoir le sponsor de la direction générale. Les ressources humaines ont une place de plus en plus importante et stratégique au sein des organisations. Elles ne sont plus perçues comme une fonction exclusivement opérationnelle. Dans la continuité de cela, il est important de pouvoir compter sur le soutien de la direction générale pour avoir les moyens de mettre en place des leviers d’attractivité ou de rétention.

En interne nous collaborons également avec les différentes équipes RH. En qualité d’experts, nous sommes en appui et en conseil des équipes paye et des équipes recrutement avec qui il est important, par exemple, de partager les bonnes pratiques du groupe et les leviers à mettre en avant pour attirer les talents, recueillir des demandes des candidats…

Enfin, nous avons des interactions régulières avec les managers qui, eux, ont des demandes plus spécifiques d’étude de positionnement de leurs collaborateurs. En fonction des organisations, les demandes passent soit par les managers directement, soit par des RRH ou Business Partner en fonction de la structuration de la DRH. Quoi qu’il en soit, ce sont des interactions quasi quotidiennes pour s’assurer que les collaborateurs – soit parce qu’ils ont des offres à l’externe, soit parce que l’on s’aperçoit que le marché évolue – sont bien positionnés.

Et quelles sont les personnes dont vous avez besoin, à l’externe, pour mener à bien votre mission ?

Nous avons différents partenaires : courtiers, assureurs, institutions de retraite ou de prévoyance lorsqu’on passe par eux en direct. Nous sommes en lien avec les prestataires qui nous permettent de mettre en place tous les dispositifs qui gravitent autour du C&B : titres-restaurants, mutuelle, prévoyance…

Nous sommes par ailleurs en lien avec des cabinets de conseil ou d’études de rémunération pour les benchmarks externes avec des enquêtes annuelles, des participations à des colloques…

Il est également possible de se rapprocher de groupements métiers, qui regroupent les différentes fonctions RH avec des thématiques plus ou moins ciblées. Cela permet d’échanger sur les bonnes pratiques, les enjeux, les innovations.

Finalement, quelles sont les qualités humaines nécessaires pour évoluer dans votre réseau ?

Je dirais qu’il faut être à la fois rigoureux, stratégique et très ouvert aux différences de point de vue ou de positionnement de nos interlocuteurs dans le groupe.

Nous n’avons pas toujours tous les mêmes objectifs. Un bon responsable rémunérations et avantages sociaux doit s’adapter aux différents interlocuteurs. Il doit faire entendre son point de vue, convaincre, tout en restant ouvert à l’avis et aux préoccupations des autres. Et il doit accepter d’avoir des contre-arguments en face.