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Inflation : comment venir en aide aux collaborateurs sans être intrusif

Le cahier du dirigeant | 10 novembre 2023
Inflation : comment venir en aide aux collaborateurs sans être intrusif

Il y a peut-être dans votre organisation un collaborateur ou une collaboratrice qui connaît des difficultés financières. Comment l’aider ? Et comment ne pas dépasser la ligne rouge ? Déborah Delage, Assistante Sociale du Travail chez Focsie, nous répond.

Avoir besoin d’aide, pour faire face à des soucis financiers, est-il un phénomène qui s’est accentué ces dernières années ?

Je ne dirais pas qu’il s’est accentué. En revanche, les profils ont évolué. Il y a quelques années, les difficultés financières touchaient principalement les personnes aux rémunérations les plus basses, ou des personnes peut-être moins éduquées au budget. Aujourd’hui, elles touchent toutes les catégories socioprofessionnelles.

Là où, il y a dix ans, nous réalisions principalement des dossiers de surendettement, souvent liés à des crédits à la consommation, aujourd’hui, nous prenons en charge des endettements liés aux charges fixes : énergie, logement, eau.

Des couples qui gagnent 5 000, 6 000 euros par mois ou plus, viennent nous voir parce que le fournisseur d’énergie a multiplié les prix de manière soudaine et qu’ils n’ont pas pu l’anticiper, ou parce qu’un de leurs enfants fait des études supérieures et que le logement étudiant coûte de plus en plus cher.

Ces personnes-là, auparavant, on ne les voyait pas. Quant aux personnes qui ont des revenus plus modestes, elles sont malheureusement encore plus prises à la gorge.

En tant qu’employeur ou RH, quels sont les leviers d’action pour aider ces collaborateurs et collaboratrices qui rencontrent des problèmes d’argent ?

D’abord, il faut lever le tabou en entreprise sur la question financière. Beaucoup d’entreprises ne veulent pas aborder cette question car elles estiment que ça fait partie de la vie personnelle. Et c’est vrai que cela fait partie de la vie intime.

Mais lorsque vous recevez un avis à tiers détenteur, c’est que vous avez un collaborateur ou une collaboratrice qui ne va pas bien. Et ça n’est pas l’aider que de ne pas la contacter pour un échange.

Il s’agit simplement de lui dire : « nous avons reçu un avis à tiers détenteur. Est-ce que vous savez que vous avez des possibilités d’action pour faire face à une difficulté financière ? »

Même conseil concernant les personnes qui font des demandes d’acomptes sur salaire chaque mois. Même conseil concernant les personnes qui, souvent lors d’une discussion conflictuelle vont dire : « Mais je n’arrive pas à payer mon loyer ! ».

Il faut contacter ces personnes pour discuter, ne pas demander quelle est l’origine du problème, et proposer des solutions.

S’il y a un service social, on orientera le collaborateur ou la collaboratrice vers celui-ci. S’il n’y en a pas, on fera le point sur les solutions qui existent à l’extérieur :

Quel est le bon discours à adopter ?

Il est important, d’abord, de se dire qu’une difficulté financière n’est pas nécessairement le signe d’une mauvaise gestion du collaborateur ou de la collaboratrice.

Cela peut être lié à un événement. Cela peut être lié aussi à une méconnaissance des droits. Une grande partie des bénéficiaires de la prime d’activité, par exemple, ne font pas la demande par manque d’information.

S’agissant du discours, on évite toute forme de jugement et on adopte idéalement la position suivante : « Vous avez une problématique budgétaire. Nous allons vous orienter vers des personnes qui vont faire le point avec vous sur votre situation, sur les solutions potentielles, et sur les aides auxquelles vous avez droit. »

Est-ce que l’on peut envisager des communications à l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices dans un objectif de prévention ?

Cela peut être intéressant effectivement d’être dans le préventif. On peut rappeler (via le CSE s’il y en a un, ou par le biais d’un bulletin d’information) qu’en cas de difficulté financière, chacun et chacune peut contacter telle ou telle personne de l’entreprise qui aidera et/ou orientera.

On peut organiser des évènements au sein de l’entreprise pour faire le point sur les solutions possibles en cas de difficultés. Dans le cadre de mon travail, typiquement, j’interviens dans les entreprises. Je parle budget avec des salariés.

Est-ce que l’entreprise peut agir plus concrètement sur le plan financier ?

Parfois le fait d’octroyer une avance ou une aide financière peut être inadapté à la situation du salarié. Une personne en situation de surendettement ne va pas nécessairement avoir conscience de sa situation ou l’expliciter auprès de son employeur. L’aide allouée serait alors contre-productive. Beaucoup de personnes n’ont pas recours aux aides du droit commun par méconnaissance et complexité d’accès. Avoir un service social du travail, qui va proposer une analyse globale, tant sur la sphère professionnelle que personnelle, permet cet accès aux droits (prime d’activité, dégrèvements, exonérations fiscales…). 

Parallèlement, l’entreprise peut faire quelque chose de participatif sur ces questions financières.

Un exemple tout simple : dans les entreprises du déchet, il existe des primes de salissure. Lorsque les collaborateurs et collaboratrices sont en arrêt de travail, ils perdent le bénéfice de ces primes. Que fait-on sur ce sujet ? Comment on le traite ? Il faut que cela soit questionné avec les élus pour mettre éventuellement en place des choses dans l’entreprise. Énormément d’emplois sont concernés par ces primes variables. On peut citer aussi les commerciaux par exemple. Sensibiliser les effectifs à la gestion budgétaire peut être une solution.

On peut aussi interroger les salariés sur leur treizième mois. Est-ce qu’on le verse en deux fois ? Est-ce qu’on le verse en une fois ? Idem avec l’intéressement.

La mise en place d’une commission d’action sociale peut permettre de proposer des solutions ponctuelles. Il est toutefois primordial que celle-ci soit structurée (règlement spécifique, critères d’attribution, anonymisation des demandes notamment), l’intervention d’un service social du travail pourra en sécuriser le fonctionnement.


Focsie


Service social interentreprises, Focsie accompagne depuis plus de 20 ans des entreprises et établissements de toute taille et de tous secteurs.

Reconnu comme un acteur majeur pour la conciliation « Qualité de vie et des conditions de travail » et « Performance durable de l’entreprise », la démarche de Focsie s’inscrit dans une logique de prévention à tous les niveaux : le conseil à l’entreprise, l’intervention collective, l’accompagnement individuel.

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