Comment se digitaliser quand on est une TPE ? Avec quels outils ? Quelles aides ? Nous avons demandé à Bénédicte Roullier, cheffe du pôle Transformation numérique des TPE/PME au sein de la Direction générale des entreprises (DGE), de nous apporter son éclairage.

Pourquoi est-il essentiel aujourd’hui, pour une TPE, de se digitaliser ?

Les TPE/PME évoluent dans un monde de contraintes. Elles ont des besoins multiples : gagner du temps, trouver de nouveaux clients, fidéliser les clients existants, engager de la réassurance avec leurs clients et partenaires via un circuit de communication fluide. Elles ont besoin d’outils de facturation et de paiements, d’outils pour le suivi de gestion.

La numérisation du circuit RH également, avec des solutions de type SIRH, assure un gain de temps indéniable, évite toute perte de document, facilite l’onboarding des nouveaux collaborateurs, la gestion des carrières et des formations ainsi que l’évaluation concertée de la performance. En outre, cela sécurise l’échange de documents et facilite les « feedbacks » des employés sur leur activité avec des échanges davantage horizontaux.

Les TPE/PME souhaitent par ailleurs travailler sur la visibilité de leur entreprise (avec un site, une présence sur les réseaux sociaux, de la production de contenu), essentielle pour leur réputation et leurs recrutements.

Enfin, il y a le cas des entreprises de commerce grand public qui ont besoin de faire de la vente directe, éventuellement sur des plateformes, qui doivent être à l’écoute des avis, les gérer… Le numérique permet tout cela. Cela étant dit, il faut garder en tête que la digitalisation n’est pas un objectif en soi. Il s’agit pour les entreprises d’identifier, pour chaque besoin concret, des solutions numériques adaptées, avec des retours sur investissement identifiés. Le but, in fine, est de pouvoir consacrer la presque totalité des forces de l’entreprise à son cœur de métier.

Tout cela constitue un bénéfice immédiat. Le numérique a-t-il aussi des bénéfices identifiés à long terme ?

Effectivement. Avec le numérique, il s’agit aussi, pour les entreprises, de se constituer un fichier client qualifié, de posséder un site internet avec leur marque, d’avoir des équipements sécurisés… Tout ce que l’on peut considérer comme des actifs numériques de l’entreprise. L’obligation de facturation électronique est en train de se mettre en place, l’obligation d’avoir un logiciel de caisse existe. Il est possible pour une entreprise aujourd’hui de capitaliser sur les données récoltées avec ces outils pour mieux piloter son activité.

Quelle est l’appétence aujourd’hui des TPE/PME pour le numérique ?

Notre baromètre France Num de la transformation numérique des TPE/PME, paru en octobre dernier, met au jour une progression de dix points entre 2020 et 2021, sur l’ensemble des TPE/PME, en ce qui concerne la prise de conscience des bénéfices concrets du numérique. Le chiffre était de 68 % en 2020, il est passé à 78 % en 2021. Nous avons également observé une forte augmentation de l’équipement en sites internet des entreprises. Nous sommes passés de 37 % à 66 % de TPE/PME qui possèdent aujourd’hui un site internet. Enfin les actions menées avec France Num au moment de la crise ont été un réel succès. Le chèque France Num, qui permettait aux TPE de bénéficier d’une somme forfaitaire de 500 euros sur une action de numérisation a très bien fonctionné – le taux de satisfaction auprès des bénéficiaires a été de 98 % sur l’ensemble du dispositif et nous avons distribué l’aide à près de 113 000 entreprises. La garantie de prêt France Num permet également aux banques de financer des projets de transformation numérique des TPE/PME.

Quels sont les autres dispositifs à disposition des entreprises qui souhaitent se digitaliser ?

Nous avons un programme de formations, financées par France Num. Il s’agit soit de sensibilisations sur une demi-journée, soit d’accompagnements-actions avec plusieurs rendez-vous étalés sur 2 ou 3 semaines, permettant aux entreprises d’être sensibilisée aux usages et aux solutions numériques par étapes. Cela permet aussi d’avoir des échanges avec les formateurs après avoir essayé elles-mêmes, ce qui est préconisé dans la formation. De nouveaux diagnostics vont être financés par France Num dans le cadre du plan « Destination France », avec une priorisation pour les HCR. Ils sont à demander par l’intermédiaire des chambres de commerce et des chambres de métiers. Enfin, il y a toutes les aides proposées par les régions que les TPE/PME peuvent retrouver sur le site de France Num. Nous donnons accès à toutes les informations.

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