Podcast | Génération Z et argent : une quête d’indépendance plus que de richesse

La Génération Z a grandi entre crises économiques, bouleversements climatiques et promesses numériques. Et face à ce monde instable, son rapport à l’argent est tout sauf classique. Décryptage avec l’anthropologue Élisabeth Soulié. 🎧 Notre épisode explore en profondeur les choix, paradoxes et aspirations financières de la Gen Z
L’argent : tabou ou levier d’émancipation ?
Pour beaucoup, parler d’argent reste un sujet délicat. Mais chez les jeunes nés entre 1997 et 2010, ce tabou vole en éclats. Sur les réseaux sociaux, on parle ouvertement de salaire, de side hustles, d’indépendance financière… et aussi de galères.
Pour Élisabeth Soulié, anthropologue spécialisée dans les cultures économiques :
« L’argent, pour la Génération Z, est un marqueur d’autonomie. Ce n’est pas une fin en soi, mais un moyen de reprendre le contrôle. »
Fini le modèle de la réussite linéaire à base de CDI, crédit et pavillon. La Gen Z veut pouvoir choisir : ses projets, ses horaires, ses engagements. Et pour ça, il faut des ressources. Leur ambition ? Ne plus dépendre – ni d’un employeur unique, ni d’un système bancal.
Une génération lucide face à l’instabilité
Cette génération a grandi avec la crise de 2008, la précarisation du travail, la pandémie, l’inflation. Résultat ? Une lucidité marquée sur la réalité économique.
« Ils savent que l’ascenseur social ne fonctionne plus comme avant. Alors ils bricolent, inventent, testent d’autres voies », explique Élisabeth Soulié.
Le salariat n’est plus la norme rêvée. Beaucoup jonglent entre stages, CDD, freelances, micro-entreprise. Et cherchent à diversifier leurs revenus – parfois via les réseaux sociaux, les plateformes collaboratives ou la création de contenu.
Mais ce n’est pas l’argent facile qui les motive. C’est l’idée de ne pas subir. De pouvoir dire non. De pouvoir partir si ça ne fait plus sens.
Ni radins, ni naïfs : responsables
Contrairement aux clichés, la Génération Z ne vit pas au-dessus de ses moyens. Elle vit avec. Et souvent avec moins. Pour beaucoup, l’argent rime avec système D. Colocation, achats de seconde main, bons plans, restos avec la carte titre restaurant… Tout est optimisé.
Mais cela ne veut pas dire qu’ils refusent de gagner plus. Bien au contraire.
« Demander un meilleur salaire n’est pas une preuve de matérialisme, c’est une demande de reconnaissance », rappelle Elisabeth Soulié.
Ce besoin d’équité, de transparence, de cohérence entre efforts et rémunération est au cœur de leurs attentes. L’argent devient un outil de justice, pas de domination.
Ce que la Gen Z attend des entreprises
Les entreprises qui veulent attirer et fidéliser les jeunes talents doivent s’adapter. Pour la Gen Z, la rémunération ne suffit plus. Elle est une base, pas une finalité.
Ils attendent aussi :
- de la clarté sur les salaires et avantages,
- un équilibre vie pro/vie perso réel,
- des missions qui ont du sens,
- la possibilité d’évoluer… ou de se réorienter.
Et surtout, ils veulent pouvoir parler d’argent sans être jugés. Parce qu’ils savent qu’en parler, c’est déjà s’émanciper.
Un rapport décomplexé, mais exigeant
La Génération Z ne rêve pas forcément de devenir riche. Elle rêve d’être libre. L’argent n’est ni sale, ni sacré. Il est fonctionnel. Il permet d’agir, de bouger, de refuser. De construire sa vie à ses conditions.
Dans un monde incertain, leur vision de l’argent est plus mature qu’on ne le croit :
« Ils ont une approche éthique, pragmatique et parfois même joyeuse. Ce n’est pas la peur qui les guide, c’est l’envie d’inventer autre chose », conclut Élisabeth Soulié.
À retenir
- L’argent est un levier d’indépendance, pas un symbole de réussite sociale.
- La Gen Z veut du sens et de la transparence, pas seulement un salaire.
- Elle assume ses besoins, sans tabou ni complexe.
- Elle invente de nouveaux modèles de revenus, de consommation et de travail.
- Elle attend des entreprises une relation d’égal à égal, basée sur la confiance et la reconnaissance.
🎧 Pour écouter l’épisode complet sur toutes les plateformes, le podcast Mieux, c’est ici, que vous soyez RH, manager, dirigeant et quelle que soit votre génération !