Motiver les bénévoles aux Restos du cœur
L’hiver arrive à grands pas, apportant avec lui l’esprit convivial des fêtes de fin d’années, mais aussi le vent froid que les plus démunis vont devoir affronter. Beaucoup se tournent alors vers une association que l’on ne présente plus, les Restos du cœur.
Pour en savoir plus sur le fonctionnement de cette association au grand cœur, nous avons échangé avec Brigitte Miché. Responsable du service ressources bénévoles pour l’association nationale des Restos du cœur, anciennement présidente de l’association au Hainaut-Cambrésis, elle nous parle aujourd’hui de sa façon de motiver les bénévoles.
Comment faites-vous pour motiver les 69 000 bénévoles de l’association ?
C’est pour répondre à cette question que l’on a créé le service Ressources Bénévoles en février 2015 avec, à terme, une personne référente dans toutes les associations départementales. Nous avions en effet constaté depuis 2 ou 3 ans la difficulté de gérer l’arrivée et le suivi de ces personnes qui choisissaient de nous rejoindre pour aider en donnant de leur temps. En plus de cette nouveauté, il y a également un service formation qui accompagne les bénévoles dans leur intégration puis au cours de leur évolution au sein des Restos du cœur.
Les Restos du cœur étant l’association préférée des Français, l’image que nous véhiculons apporte de nombreuses candidatures et insuffle la motivation aux bénévoles. D’ailleurs, les résultats d’une étude sur le bénévolat fait ressortir que les motivations d’un engagement associatif sont au nombre de trois : se sentir utile, créer du lien social et développer son épanouissement personnel. Nous cherchons à répondre à chacune de ces trois attentes implicites chez nos bénévoles.
Venir faire du bénévolat parce qu’on veut être utile, c’est la nature même de l’objet social de l’association. Nous répondons à la deuxième motivation de l’engagement, le lien social, en cherchant à favoriser le partage, les échanges et les rencontres autour d’un projet qui va se construire en équipe. En ce qui concerne l’épanouissement personnel, il nous faut pouvoir être capable de garantir un certain confort au bénévole, écouter ses souhaits, respecter ses disponibilités, valoriser son travail et lui apporter de la reconnaissance. Un des freins possibles à faire du bénévolat, c’est la peur d’être submergé, de donner la main et d’avoir à donner le bras, de ne plus avoir de temps libre et de se retrouver piégé. C’est pour cela qu’il est important pour motiver les bénévoles d’écouter leurs souhaits et de leur garantir qu’ils seront respectés.
Y a-t-il une différence entre motiver les bénévoles et motiver les salariés ?
Oui, il y a une différence puisque le principe du bénévolat c’est de donner de son temps sans recevoir de compensation en retour si ce n’est de la reconnaissance, un merci… Il y a une véritable envie de défendre une cause et de travailler (car cela reste un travail) pour un objet social qui tient à cœur : chez nous, c’est celui d’aider les plus démunis. Les Restos du cœur, ce n’est pas seulement donner à manger, c’est aussi apporter un accompagnement pour que les personnes se sortent d’une difficulté et retrouvent une inclusion sociale.
Aux Restos du cœur, le bénévolat est le modèle choisi depuis 1985. Il est une valeur fondamentale de l’association. Sans oublier que tout le travail qui est fait auprès des bénévoles n’a pour but que de mieux accueillir et accompagner les personnes que l’on aide. Je pense donc que la motivation est en tout premier lieu la nature de l’objet social : on est sensibilisé par un problème de société qui va permettre de se motiver. Puis en association, et c’est là une grande différence avec le milieu du travail, il n’y a pas de hiérarchie : on ne doit rien à personne, il n’y a pas de sanction ni de pression, aucun rapport de pouvoir.
Brigitte Miché,
Responsable du service ressources bénévoles aux Restos du cœur
Qu’en est-il du management des bénévoles ?
Les bénévoles sont dans la rencontre avec les personnes accueillies, dans l’échange qu’ils peuvent avoir avec les personnes qu’ils vont aider. Là est tout le sens de leur bénévolat. Cela implique de notre part une certaine organisation. Il est nécessaire de définir des modes de fonctionnements, tant matériels que financiers, mais le management se résume avant tout à un travail d’équipe. Dans un centre, il y a certes un responsable, mais son rôle est d’animer son équipe et non de la diriger. Je parle par expérience puisque cela fait 16 ans que je suis aux Restos du cœur et que j’ai été bénévole avant d’être responsable de centre. Si on pose un cadre trop rigide, trop hiérarchique, cela risque de créer des conflits d’autorité et les bénévoles peuvent partir à tout moment si cela ne leur convient pas.
Il y a cependant quelques exigences : une première rencontre est organisée au cours de laquelle on présente l’association aux bénévoles. Ils prennent alors connaissance de la charte des bénévoles, qui leur est dédiée. C’est un moment important et il est important qu’ils adhèrent à ces valeurs pour que tout le monde s’y retrouve.
Que préférez-vous dans votre métier ?
Je dirais toute mon activité sur le terrain ! L’accompagnement, le fait de pouvoir sentir l’utilité du temps passé et de la mesurer concrètement auprès des personnes que nous aidons. Ce que je fais aujourd’hui, l’accompagnement des bénévoles, a toujours pour but premier de mieux accompagner les personnes accueillies. Si je cherche à tout mettre en œuvre pour assurer un certain confort aux bénévoles, c’est parce que mieux ils se sentiront dans ce qu’ils font, meilleur sera l’accompagnement proposé.