Motiver quand on est producteur artistique TV
Les paysages se suivent mais ne se ressemblent pas pour Christophe Guyomard, producteur artistique pour la télévision. 208 villes parcourues depuis la création de son émission itinérante, Midi en France diffusée sur France 3. Cet énorme barnum s’impose dans les centres-villes pour offrir aux téléspectateurs des rencontres humaines et patrimoniales. Colporteurs des temps modernes, ils sont quatre-vingts à œuvrer pour une heure de programme quotidien. À leur tête, Christophe Guyomard, a choisi ce métier très tôt. Défiant l’autorité paternel qui traçait d’autres sillons, cet insoumis a gravi les échelons un à un pour peser aujourd’hui dans le paysage audiovisuel. Rencontre.
En quoi la motivation est-elle importante pour vous ?
Elle est primordiale, la motivation est synonyme de curiosité, c’est l’ADN même des métiers de l’audiovisuel. Il faut toujours donner un but à cette motivation pour que chacun puisse se dépasser et aller chercher de nouvelles histoires à raconter. C’est ce qu’on recherche en télévision, raconter de belles histoires avec des personnages étonnants.
C’est un travail de tous les instants, alimenter ce feu permanent de la curiosité et de la non certitude. La télévision, c’est un artisanat avec des méthodes de production industrielle, c’est une économie de la connaissance, du savoir, qu’il faut divulguer au plus grand nombre. C’est important de le faire avec beaucoup d’humilité et de passion.
Comment diriger tant de personnalités différentes ?
Effectivement dans une équipe comme celle de Midi en France, il y a beaucoup de métiers différents. 80 professionnels sur le terrain parmi lesquels, des preneurs de son, des techniciens de l’image, un présentateur, des chroniqueurs, des maquilleurs, des électros, des machinos, des cameramen, et 30 personnes en back office qui sont journalistes, monteurs, graphistes… C’est une multitude de métiers qu’il faut connaître !
En réalité, pour les comprendre, il faudrait exercer chacun des métiers. En 25 ans de carrière, j’ai voulu en faire beaucoup : journaliste, cameraman, preneur de son, présentateur, réalisateur et producteur.
C’est important quand il s’agit de donner le « la ». Quand on est au plus près de ces métiers, il y a une légitimité naturelle qui facilite le management. J’essaie de m’intéresser et de comprendre les difficultés auxquelles chacun est confronté. Fatigue, projet de vie, ambition, gestion des égos… je jongle avec les compromis pour atteindre un seul et même but, celui qu’on s’est fixé ensemble. Une émission de télévision ne peut pas se faire seul, le groupe est une nécessité.
Qu’avez-vous appris de vos erreurs ?
Maintenant, je sais qu’on ne sait jamais, j’aime cette chanson de Jean Gabin. On apprend tout de ses erreurs, on ne peut pas tout savoir sur tout. Et plus encore, on ne doit jamais avoir la prétention de savoir mieux que le spectateur, ce qu’il a envie de regarder ! On propose et on ajuste.
Nous avons des courbes d’audience qui nous permettent de voir ce qui marche et ce qui ne marche pas. J’ai appris avec le temps à ne pas m’obstiner. Même si l’histoire est bien racontée, qu’on y a mis beaucoup de nous-même, si ça ne marche pas, c’est que ce n’était pas le bon moment. Je me remets en question en permanence.
Quels conseils donneriez-vous à un manager soucieux de motiver son équipe ?
Se préoccuper de chacun tout en valorisant l’équipe. Chacun doit trouver sa place, si une personne est défaillante, c’est toute l’équipe qui est déstabilisée. Il faut donc créer un groupe soudé, fort et puissant.
Aussi, il est important d’établir une communication harmonieuse, se laisser la liberté de dire quand ça va et quand ça ne va pas. Quand les journalistes ont trouvé de beaux sujets, par exemple, je le leur dis toujours. Ils le méritent d’une part, et c’est aussi une manière de confirmer le but que je leur demande d’atteindre. Je travaille avec et pour des humains, la communication est la base de notre métier, c’est une dimension incontournable pour faire progresser le groupe.
Enfin, je consacre du temps pour connaître mon équipe, autour d’un déjeuner ou d’un pot. On parle de notre projet commun, l’émission, mais aussi des projets de chacun, pour mieux les connaître sans trop entrer dans leur intimité.