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Jeremy Rifkin : « Le capital social est plus précieux que le capital financier »

| 29 octobre 2015
Jeremy Rifkin :  « Le capital social est plus précieux que le capital financier »

On ne présente plus Jeremy Rifkin. Economiste visionnaire, il est le président de la Fondation des Tendances Economiques à Washington et l’auteur de plus de 20 best-sellers. On le surnomme sobrement l’architecte de la troisième révolution industrielle. Sodexo a eu l’honneur de le recevoir pour sa conférence internationale sur la Qualité de Vie à New York.

L’essor de l’économie collaborative

Son dernier livre, La nouvelle société du coût marginal zéro : l’internet des objets, l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme, annonce la couleur : selon lui, l’ère du capitalisme arrive à sa fin, poussé par l’essor d’un nouveau système économique parallèle, l’économie collaborative, où chacun peut devenir lui-même producteur d’un bien ou d’un service à un coût proche de zéro et ainsi « court-circuiter » les entreprises classiques. Même si cette économie collaborative peut paraître encore balbutiante, elle n’en demeure pas moins importante car elle oblige le système capitaliste à changer – une première ! Selon Rifkin, ce système hybride avec d’un côté l’économie de marché, dit capitalistique, et de l’autre l’économie de partage, dite collaborative, sera arrivé à maturité d’ici 35 ans.

Mais pas besoin d’attendre aussi longtemps pour se rendre compte que la notion d’usage prend progressivement le pas sur celle de possession. Par exemple, les nouvelles générations ont de plus en plus recours aux services de co-voiturage ou de location de voiture – chose qu’on retrouve aussi dans l’industrie culturelle où il est devenu normal de payer pour un accès (à de la musique, des films…) sans pour autant en « posséder » aucun.  En cela, c’est l’un des symboles clés du capitalisme qui se trouve mis hors jeu : l’achat et la possession. À partir de ce constat, Rifkin explique que nous entrerons bientôt dans une ère de biens et de services gratuits, où chacun sera à la fois usager et producteur. Ce modèle, celui des “prosommateurs” (les producteurs-consommateurs), prendra véritablement son essor lorsque les imprimantes 3D se seront démocratisées mais on peut déjà voir que les habitudes de consommation de multiples secteurs ont changé radicalement (la presse principalement gratuite et en ligne, l’édition et les e-books, l’enseignement supérieur avec les MOOC…).

Jeremy RifkinCrédit photo : Manuel-Lagos Cid

Plus de capital social pour une meilleure qualité de vie

Pour Rifkin, ce changement d’une organisation verticale vers une organisation horizontale (la possession devient moins importante que l’accès au service – ce qui encourage les gens à être plus connectés) annonce un modèle économique basé sur la qualité de vie dans lequel le capital social est plus précieux que le capital financier. Il nous encourage à voir plus loin que les marchés et à s’ouvrir à un monde qui exige de savoir vivre ensemble, et dans lequel l’économie du partage revendique son autonomie.

Lors de cette conférence, Sodexo a également dévoilé les résultats d’une étude, menée en partenariat avec Harris Interactive, auprès de 1 000 étudiants dans cinq pays. Selon cette étude, 69 % des hauts potentiels de la génération Y sont convaincus que l’amélioration de la qualité de vie aura une incidence forte sur la performance de leur future organisation, contre 57 % pour les dirigeants actuels. Les dirigeants de demain estiment que la qualité de vie sera le facteur déterminant n°1 de la performance des entreprises, alors que les dirigeants d’aujourd’hui le classent en cinquième position. Un autre pas vers une société où la qualité de vie serait devenue un pillier societal ? On l’espère.

 

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