Le droit à la déconnexion numérique
Internet, messageries, plates-formes numériques et réseaux sociaux font désormais partie du quotidien des français. Mais quel est l’impact du développement des outils numériques sur le travail ? Et comment, le cas échéant, accompagner et protéger les salariés ?
L’ambivalence des outils numériques
En 2013, le baromètre Orange/Terrafemina faisait le point sur l’usage internet des français et plus particulièrement sur l’apport du numérique dans le travail. Les travailleurs sondés reconnaissaient tous son impact positif mais déploraient, en revanche, le stress engendré et la difficulté à trouver l’équilibre entre vie privée et professionnelle.
D’après le baromètre, les outils numériques provoquent en effet une meilleure gestion du temps, améliorent la productivité, la capacité d’innovation ou encore la relation avec les clients. Mais personne ne passe toutefois à côté de leurs effets contraignants : une culture de l’urgence et de l’immédiateté, une overdose d’informations et de messages à traiter et des relations managériales bouleversées.
Les résultats montrent que les cadres ont encore plus de réticences concernant le numérique au travail. Ils sont plus nombreux à déplorer l’augmentation du stress et la moitié d’entre-eux avoue éprouver davantage de difficultés à se concentrer.
La révolution du numérique dans l’entreprise
Revenons à la cause de tout ceci. Depuis quelques années, le numérique a entraîné l’émergence de nouvelles formes de travail. Avec une simple connexion, une partie des salariés peut désormais travailler n’importe où et n’importe quand. Les optimistes y voient l’encouragement du travail indépendant, les autres, la disparition possible de l’entreprise telle que nous la connaissons actuellement, avec une structure unique et centralisée.
Pour améliorer la qualité de vie au travail, certaines entreprises font le choix de remodeler complètement leur fonctionnement. Offrir des horaires plus flexibles, permettre aux salariés de conjuguer vie professionnelle et impératifs familiaux, ou faire face aux imprévus comme une grève surprise, sont désormais rendus possible grâce au numérique.
L’exemple du télétravail est sans doute le plus parlant. Sa mise en place, qu’il soit quotidien ou ponctuel, passe avant tout par une bonne concertation. Il s’agit aussi bien de répondre aux attentes des salariés qu’aux besoins de l’entreprise. Une organisation claire et réfléchie permet d’éviter de nombreux écueils.
Cependant malgré tous les efforts, ce nouveau fonctionnement peut déstabiliser certains salariés et devenir une source de stress : il peut mettre à mal l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Ainsi, on constate que le bouleversement du fonctionnement de l’entreprise avec le numérique, aussi positif soit-il, a également créé un lien permanent avec le travail et une difficulté à le gérer. De fait, l’idée d’un droit à la déconnexion commence à se faire entendre.
Bien gérer le numérique en entreprise
Face à ce déséquilibre et à ces nouvelles demandes, l’Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (ORSE) tente de trouver des solutions.
Signé en juin 2013 par les partenaires sociaux, l’Accord National Interprofessionnel (ANI) reconnaît légalement le droit du salarié à la déconnexion. Pour l’ORSE, les outils numériques se sont imposés aux salariés sans une réelle appropriation de leur part. Il est donc indispensable de les protéger et de mettre en place, dans chaque entreprise, une politique de gestion de ces outils.
L’entreprise aura avantage à mettre en place une charte sur le bon usage des outils numériques
Dans son guide, l’observatoire propose aux entreprises de commencer par établir un diagnostic en se posant les bonnes questions :
- Quelles sont les fonctionnalités de nos outils ?
- Comment utilisons-nous notre messagerie ?
- Dans quelles situations les salariés ressentent du stress ?
- Quel type de surcharge éprouvent-ils (trop de mail, trop de classement à effectuer) ?
Mettre en place une bonne utilisation des outils numériques passe aussi par la formation et la sensibilisation des salariés. Une réflexion sur les relations managériales permet également de respecter la qualité du lien social. L’implication et l’exemplarité des dirigeants et des managers s’avèrent bien sûr indispensable.
Enfin, le droit à la déconnexion est une composante essentielle à respecter en se penchant notamment sur l’un des points noirs : l’utilisation de la messagerie. Certaines sociétés n’hésitent plus à bloquer les boites mails en dehors des horaires de travail. L’objectif étant de garantir le respect des durées de repos minimales imposées par la réglementation. D’autres préfèrent utiliser un signal d’alerte sur les ordinateurs, comme par exemple « Il est plus de 20h, est-il vraiment nécessaire d’envoyer ce courriel maintenant ? ».
Ces pistes de réflexion peuvent, au final, mener sur la rédaction d’une charte sur le bon usage des outils numériques. L’entreprise trouve ainsi un moyen de préserver ses salariés connectés.