3QA – Catherine Tanneau, l’intelligence situationnelle
Formée aux grandes écoles et aux grandes entreprises, Catherine Tanneau s’est rapidement concentrée sur les hommes et les organisations. Sa passion de l’humain l’a amenée à se former au coaching dès la fin des années 90 et à créer son activité de conseil et de formation, au Portugal. En 2014, elle devient présidente d’ICF France, œuvrant à la professionnalisation du métier de coach et l’accompagnement des managers et des organisations. Cette année en 2017, elle co-signe l’ouvrage « L’intelligence situationnelle » et nous parle de sa vision et sa pratique du management libéré. Rencontre.
1 – Qu’appelle-t-on l’intelligence situationnelle et à quelles qualités fait-elle appel ?
L’intelligence situationnelle part d’un constat issu de notre expérience. Celui que l’essence même du leadership et du management tient à la capacité à décoder et comprendre les situations que nous vivons. Et elles sont très complexes.
Cette complexité est le fruit d’organisations mouvantes amenées à confronter un marché qui bouge lui-même, donc de raisons externes. Mais aussi de raisons inhérentes à l’humain au sein des organisations. Il s’agit en effet de comprendre que chacun voit le monde avec ses propres lunettes, et que ce prisme émotionnel et affectif fait que notre angle de vue est limité.
L’intelligence situationnelle demande donc une certaine connaissance de soi, une intelligence relationnelle, et aussi une intelligence du système, de compréhension des jeux d’influence et de la diversité des cultures.
Ces qualités s’apprennent, se travaillent et se pratiquent. Notre livre est conçu pour aider dans cette démarche, de manière pratique, à partir de situations réelles analysées selon la Méthode Fidelio que nous avons développée et qui repose sur le management agile.
2 – Comment l’intelligence situationnelle est-elle perçue en France dans les RH et le management ?
Je constate chaque jour que nous bénéficions d’une grande écoute, et ce pour plusieurs raisons.
Beaucoup de nos partenaires se trouvent confrontés à la fin d’un système. Avec l’arrivée des nouvelles générations, des modes de travail plus ouverts et collaboratifs, du numérique et des réseaux sociaux, sont questionnées les formes traditionnelles d’organisation et de travail.
Il est désormais clair que nous avons besoin d’un management plus agile, un management du « et ». Le manager doit se montrer capable de donner un cap ET d’écouter, d’aller vite ET de prendre le temps, de la performance ET du sens.
Le défi des grandes entreprises aujourd’hui est de créer de l’intrapreneurship, c’est-à-dire un esprit d’entrepreneur au sein de l’entreprise, afin de libérer le management. Et le rôle du coach est de les accompagner dans cette démarche.
3 – De quels outils le coach dispose-t-il pour mettre en œuvre l’intelligence situationnelle ?
Le coach est un facilitateur, un catalyseur. Il œuvre aux côtés d’un manager, d’un dirigeant, d’une équipe ou encore d’un groupe, et dispose d’outils variés pour mettre en application l’intelligence situationnelle.
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Son premier outil, c’est lui-même. Sa manière d’être, la création d’un espace d’écoute et de confiance qui permet de se poser des questions, d’élargir son champ de vision. Cette posture peut être transférée au coaché.
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Ensuite, le coach dispose de son savoir-faire. Un référentiel de compétences, des outils qui accélèrent les prises de conscience, facilitent l’analyse de l’environnement.
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Il utilise également les outils du changement : sa capacité à accompagner les transitions, à comprendre ce qu’il se passe émotionnellement.
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Et enfin des outils de développement personnel qui aident la personne à mieux se connaître.
Question bonus : Quel est l’impact concret de l’Intelligence situationnelle sur la qualité de vie au travail ?
L’intelligence situationnelle a un impact concret sur différents aspects de la qualité de vie au travail, comme l’indique les chiffres issues de la dernière étude ICF réalisée par le cabinet Price Waterhouse Cooper sur le métier de coach et les clients du coaching.
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Sur la qualité des relations interpersonnelles au travail : on s’entend bien avec ses collègues, on dispose un environnement de collaboration positive.
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Sur la création d’environnement qui ouvre des perspectives : d’initiatives, de contribution, de travail reconnu et valorisé. On se sent exister et crée de l’envie .
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Sur la création d’un collectif qui fonctionne: un travail en groupe positif, fédéré, entrainant, stimulant
L’intelligence situationnelle : 50 situations de management décryptées – 67 fiches « Concepts », co-écrit par Michel Fiol, Catherine Tanneau, Paul Delahaie & Annabel-Mauve Bonnefous. Editions Eyrolles 2017.