3QA – Marlène Schiappa Bruguière
Marlène Schiappa Bruguière est surtout connue pour avoir fondé Maman Travaille, blog devenu association. Elle l'a créé en 2007, après son premier congé maternité. Menant la parole des mères actives, elle a depuis publié de nombreux ouvrages, dont « Pas plus de 4 heures de sommeil », qui devrait bientôt être adapté au cinéma par Mélissa Theuriau. Prolongeant son engagement en politique en étant devenue adjointe au Maire du Mans, déléguée à l'Egalité, elle vient néanmoins de co-écrire « J'arrête de m'épuiser », un ouvrage faisant le point sur le burn-out en entreprise.
1- Quel portrait dresser de la vie en entreprise aujourd'hui ?
Dans notre système, les entreprises cherchent la performance – et elles sont dans leur rôle en faisant ça. Mais nombreuses sont celles qui vont trop loin et au sein desquelles on est vite revenu au taylorisme et aux cadences infernales… Il est important qu'elles comprennent qu'en continuant à agir ainsi, elles vont dans le mauvais sens. Améliorer la Qualité de vie au travail des employés, ce n'est plus un luxe : c'est une nécessité pour remotiver, pour fidéliser les talents, pour limiter l'absentéisme, et pour simplement faire en sorte de respecter les humains qui travaillent ensemble.
2- Quels sont les moyens pour l'entreprise de prévenir le burn-out chez ses employés ?
De multiples moyens existent et Cédric Bruguière, manager carrière d'une grande entreprise de distribution, qui a co-écrit le livre « J'arrête de m'épuiser » avec moi, les détaille très bien. Parmi tous ces exemples, citons celui de l'entretien annuel d'évaluation. C'est un moment privilégié de dialogue et d'échange qui pourrait être une opportunité pour revaloriser et donner du sens sur ce que l'on a fait au cours de l'année écoulée… et donc sur ce que le sens des actions à mener pour l'année à venir. Cet entretien pourrait d'ailleurs être rebaptisé en bilan plutôt qu'en évaluation…
Pour ma part avec l'association Maman travaille que j'ai créée, je rappelle souvent des règles de droit du travail que les mères et les pères ignorent eux-mêmes. Le congé paternité par exemple n'est pas une grâce que l'employeur fait, c'est dans la loi.
De même que la mise à disposition de salles d'allaitement, et d'autres ! Mettre en œuvre ces droits, c'est la possibilité pour le salarié de construire un nouvel équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle… et d'évioter l'épuisement.
3- En quoi l'égalité homme-femme améliore la qualité de vie au travail ?
L'égalité homme-femme concerne tout le monde, par définition. Actuellement, 98% des congés parentaux sont pris par les femmes ; ces absences engendrent en partie leurs écarts de salaires et leur difficulté à faire progresser leur carrière. Mais cela concerne aussi les hommes, parce qu'en 2015, il existe toujours des conventions collectives indiquant que le jeune père ne peut prendre un jour absence enfant malade… qu'à condition d'être veuf ! Les femmes sont discriminées dans leur vie professionnelle, mais les hommes rencontrent des difficultés pour s'investir dans leur vie familiale. Nous devons lutter ensemble contre ce déséquilibre pénalisant pour toutes et tous.
D'ailleurs, on constate souvent que des mesures demandées par des mères de famille s'étendent ensuite au reste de la famille. Je pense par exemple au « mercredi des mères de famille » créé dans une entreprise de cosmétiques, devenu le « mercredi des familles ». La conciliation vie professionnelle / vie familiale concerne tout le monde.
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