3QA – Claire Sixtre, fondatrice de Focus Y et entrepreneuse « parfaitement imparfaite »
Ardéchoise d’origine, parisienne d’adoption, c’est au Mexique que Claire Sixtre a choisi de démarrer sa carrière dans le marketing. De son école de commerce, elle a tiré le meilleur : l’envol vers d’autres horizons. Dix ans plus tard, et auréolée d’une solide expérience auprès de marques destinées à une cible plutôt jeune (Cadbury, puis Ferrero avec Kinder et Nutella), elle rentre en France avec l’élan de créer sa société : Focus Y. Sa conviction : le coaching doit être accessible aux jeunes, car ils sont le futur de l’entreprise. Rencontre.
1- Que proposez-vous avec votre entreprise Focus Y ?
Pour commencer, je tiens à préciser que cela se prononce « Focus Why », car nous sommes cette génération, la Génération Y, qui se demande en permanence pourquoi elle fait les choses.
Pendant mon parcours professionnel, j’ai eu la chance d’être coachée puis formée au coaching. C’est ainsi que j’ai commencé cette activité au sein de mon entreprise, avec des résultats très satisfaisants. En parallèle, j’ai remarqué que le coaching était souvent réservé au top management, plus âgé. Or il m’a semblé indispensable que les outils du coaching soient proposés en début de carrière, afin de pouvoir ainsi être guidé sur son parcours.
Focus Y accompagne donc les jeunes dans les premières étapes de leur vie professionnelle, sous forme d’ateliers collectifs ou d’accompagnement individuel. Cela répond aux questions que nous nous posons tous : Quel est mon projet professionnel ? Pourquoi je ne suis plus motivé dans mon travail ? Pourquoi je n’ose pas monter mon entreprise ? Comment faire ce qui me plait vraiment ?
2- Qu’est ce qu’être bien dans son travail, pour la Génération Y ?
Selon moi, cela signifie travailler dans une entreprise en adéquation avec ses valeurs, une organisation au sein de laquelle on se sent épanoui. Cette entreprise doit se préoccuper du besoin de chaque personne en reconnaissant les humains derrière les tâches qu’ils accomplissent. Et cette définition varie selon chacun, bien sûr.
Attention : l’entreprise n’a pas pour responsabilité de rendre les gens heureux. C’est au salarié d’exposer ses besoins… Encore faut-il les connaître !
Aujourd’hui, « le jeune » n’est pas dupe. Il sait très bien qu’il ne restera pas toute sa vie dans la même entreprise. Le système ne peut lui apporter la stabilité, mais ce n’est peut-être pas si grave puisqu’il ne la recherche pas forcément. Du coup, d’un côté l’épanouissement est fonction des besoins individuels, d’un autre côté avoir le sentiment d’être reconnu et pris en compte est universel.
3- Quelles sont les idées reçues sur la Génération Y qu’il faut absolument démonter ?
On dit souvent de nous : « Ils veulent tout tout de suite, ils n’ont peur de rien ». « Ils peuvent paraître arrogant ». Mais que cache tout cela ? Nous avons peur aussi. Personnellement, j’ai envie de « prouver » mais pas de me faire avoir.
Emmanuelle Duez, fondatrice de The Boson Project a dit : « Mes parents supportaient la situation d’avoir un manager exécrable parce que celui-ci leur promettait la stabilité ». Et je suis complètement d’accord avec elle ! Pour la première fois, le contexte mondial fait que le futur a l’air moins beau que le passé, avec tous les problèmes écologiques, le terrorisme, etc. Nos parents, les baby boomers, sortaient de la guerre. Pour eux, le futur était forcément plus beau que ce qu’ils venaient de traverser, et ils cherchaient la stabilité avant tout.
De notre côté, ne sachant pas de quoi demain sera fait, nous voyons bien qu’il n’existe plus un unique modèle social à intégrer. Du coup, après la course à la réussite de nos aînés, nous voulons expérimenter, voyager, créer notre business, notre vie. Nous voulons du « vrai ».
Mais nous ne nous enfermons pas dans le cliché « je travaille dans une banque et je vais tout plaquer pour ouvrir un gîte en Ardèche » ! Tout peut être source de motivation au sein d’une entreprise, même l’argent, pourquoi pas. Nous sommes simplement la première génération qui se pose vraiment des questions sur son propre épanouissement, son propre bonheur, plutôt que de suivre une certaine idée du bonheur.
Je rencontre beaucoup de personnes qui ont peur de pas arriver à cet épanouissement. « Et si je ne m’épanouis pas ? ». Grande question ! Mon conseil est vraiment : « Oublie le grand bonheur et pose toi la question de ce que tu aimes faire. Et fais le maintenant. »
Le seul moyen de ne pas être perdu, plutôt que de se tourner vers l’extérieur et d’essayer d’entrevoir toutes les possibilités, c’est de se tourner à l’intérieur de soi pour voir de dont on a besoin, et pas ce qui nous manque. Pour moi le coaching répond parfaitement à cette attente.